1 - L’association du quartier Chalets-Roquelaine a été alertée par les riverains d’un projet de création par un investisseur en 2021 de 12 « cuisines fantômes » 32 bis, avenue Honoré Serres/rue Cabanel, dans un local de 400 m², ancien restaurant ayant été abandonné il y a quelques années suite à la protestation du voisinage contre des désordres nocturnes.
2 - Le système des dark kitchens
Le Huffington post du 12 juillet 21 raconte la vie d’un quartier résidentiel de Seine Saint-Denis confronté depuis 3 ans à l’exploitation de dark kitchens :
« Il s’agit d’un type de restauration un peu particulier : sans salle et uniquement destiné à la livraison. Ici un fonds d’investissement a acheté un bâtiment de 400 m² et a construit une trentaine de cuisines. Elles sont louées à des marques de la restauration auprès desquels des clients, via les applications Deliveroo et Uber Eat, peuvent commander. Ce sont ensuite des livreurs ubérisés qui viennent chercher les commandes.
Pour la dark kitchen l’affaire est lucrative: aux heures de pointe, c’est au moins cinq scooters par minute qui quittent l’établissement un paquet à la main. » (Cf revue de presse listée ci-dessous).
3 - L’environnement du projet
Le projet est situé à 85 m du Collège, à 115 environ du Conseil Départemental et de sa crèche.
Dans la revue de presse jointe, tous les exemples rapportés indiquent que le quotidien est devenu invivable dans l’environnement immédiat des dark kitchens en exploitation, que ce soit à Saint-Ouen, à Boulogne Billancourt, à Nantes, à Londres, à Bruxelles, à Madrid ou à Barcelone... Il n’y a aucune raison pour que la situation soit différente à Toulouse si ces 12 cuisines sont implantées aux Chalets, quartier déjà noyé par une pollution hors normes au dioxyde d’azote et aux particules, particulièrement aux heures de pointe qui sont également les heures de repas, donc de leur livraison.
4 - L’attitude de la Mairie
La Mairie de Toulouse, alertée par les riverains et la presse, a indiqué qu’elle ne s’opposera pas au projet, d’abord parce qu’elle n’a aucun moyen juridique de le faire, ensuite parce qu’elle ne souhaite pas s’opposer à un projet d’activités économiques, qui, d’après elle, ne devrait pas présenter de nuisances s’il est bien encadré. Dans la lettre que le Maire a envoyée au collectif de riverains qui proteste contre l’installation d’une telle structure, M. Moudenc indique qu’il n’y a pas de changement de destination au sens du code de l’urbanisme puisqu’il y avait déjà deux restaurants au même endroit. Voir annexe 1
5 - Cuisine ou usine ?
Dans les dark kitchens, les commandes sont faites et payées sur internet grâce à un fournisseur de services en ligne (Deliveroo, Uber Eat ou autres), la livraison est effectuée par des livreurs en 2 roues abonnés à l’un de ces fournisseurs et travaillant en indépendants 7 jours sur 7. Il ne reste sur le lieu que le travail de préparation des mets par des employés selon des protocoles affichés et des emballages standardisés.
Le Larousse propose comme définition du terme restaurant : établissement commercial où l'on sert des repas contre paiement. Ce n’est donc pas un restaurant que veut créer cet investisseur, mais un atelier de fabrication simultanée de 12 plats différents, comme le ferait une conserverie avant la stérilisation et la mise en boite. Or une conserverie est un établissement industriel que personne, pas même la Mairie de Toulouse, n’autoriserait à s’installer au centre-ville par crainte des nuisances induites sur la vie quotidienne des habitants.
6 - L’association du quartier Chalets-Roquelaine a fait appel au Président du Conseil Départemental responsable du Collège pour qu’une étude d’impact soit réalisée avant de laisser ces 12 cuisines s’installer à proximité du collège.
Il faut, pour le moins, connaître le modèle économique utilisé avec le volume des intrants (les produits à transformer en nourriture), le volume et le nombre des repas à livrer par jour, le nombre des livreurs et leur moyen de locomotion, le volume des déchets et celui des émanations (oxydes d’azote, particules, odeurs). L’absence de vent laissera ces émanations s’étaler sur le Collège, les crèches et les habitations voisines, les vents dominants d’ouest-NO les poussera vers les écoles du quartier (Saint-Hilaire, école du Nord et, au-delà, lycées Ozenne et Saint-Sernin...), le vent d’autan les retournera vers les bâtiments du Conseil Départemental.
Le Président n’a pas répondu à notre demande depuis début août. Or, les normes sanitaires départementales pour l'installation d'une telle activité en centre ville sont-elles respectées?
7 – La population redoute des nuisances multiples
Sécurité : important afflux des scooters avec leur stationnement anarchique sur les trottoirs et pistes cyclables.
Salubrité : la livraison, tôt le matin, des fournitures alimentaires à l’arrière du local rue Alexandre Cabanel avec accès par la rue Godolin impactera les riverains, ainsi que le stockage des poubelles.
Tranquillité : va-et-vient incessants de véhicules motorisés source de nuisances sonores majeures et de pollution.
8 - Un grand bond en arrière sur le plan social
« Le rapport réalisé par l’Université Gustave Eiffel / Ifsttar sur les livraisons instantanées à Paris est édifiant. 98% des livreurs sont des hommes, 31% des livraisons sont effectuées en scooter et 16% en Velib. 73% sont des livreurs à plein temps et 37% d’entre eux utilisent un compte en partage. Ce dernier chiffre laisse penser que de nombreuses pratiques se développent : livraison par des mineurs ou des personnes en situation irrégulière. » (https://www.logicites.fr/2021/03/08/reglementons-les-dark-kitchen/)
La livraison des repas pousse les habitants à rester chez eux au lieu de favoriser une vie sociale faite d’échanges. Avec une TVA à 5% au lieu de 20, quelle retombées économiques une telle implantation aura-t-elle sur la douzaine de restaurants voisins qui emploient du personnel qualifié et déclaré ?
9 - Une autre idée du vivre ensemble
Dans sa lettre, le Maire justifie son soutien au projet par « un principe supérieur de liberté commerciale au cœur de notre système économique ». Les quelques 700 signataires des deux pétitions anti dark kitchens attendaient du premier magistrat de la commune qu’il mette tout en œuvre pour assurer aux habitants un environnement avec le moins de pollution possible. Toulouse dépasse régulièrement depuis des années les normes en dioxyde d’azote et particules fines, ce projet de 12 dark kitchens ne peut qu’aggraver la situation.
ANNEXES
1 – Lettre du Maire en réponse aux signataires des pétitions
2 - Revue de presse
Site Web de la société qui souhaite implanter les 12 cuisines :
Site Web de la vraie société derrière ce projet:
Articles annonçant leur implantation sur le quartier des Chalets :
Articles parlant des actions du collectif anti-dark-kitchens :
Guide juridique des dark kitchens :
Articles traitant des problèmes et nuisances du phénomène des dark kitchens :
Article de presse sur Le Parisien,
L'article est payant, vous trouverez ci-joint le PDF avec le contenu de l'article.
https://www.logicites.fr/2021/03/08/reglementons-les-dark-kitchen/
Article intéressant sur la règlementation des dark kitchen. On peut y noter :
"Les premières dark kitchen situées près de Paris sont mal acceptées par les riverains. Grand nombre de scooters, bruit… Nous sommes très loin de modèles vertueux sur le plan environnemental. Du fait des plaintes des riverains, certaines villes comme Nantes sont amenées à réglementer les pratiques locales."
Nantes 700 scooters, livreurs Uber eats et autres, la mairie règlemente
L'humanité, intéressant article, mais c'est surtout la fin.
https://www.humanite.fr/deliveroo-des-dark-kitchens-au-coeur-des-villes-684655
"Des élus écologistes notamment les accusent d’entraîner la fermeture de restaurants traditionnels, et des nuisances pour les riverains, à cause de l’afflux de livreurs aux heures de pointe. Pi. M."
En anglais,
A Bruxelles, fermeture d'une dark kitchen suite aux plaintes du voisinage.
Il y a aussi beaucoup d'articles en anglais, la culture anglaise faisant que le service est plus utilisé qu'à Toulouse.
Sur Londres. La photo est intéressante et montre que les dark kitchen doivent être implantées au bon endroit, pas dans des zones résidentielles. Ici sur un ancien parking.
Autre article à Londres, où la mairie de quartier attaque en justice Deliveroo a cause des dark kitchen trop bruyantes, bien qu'implantees en zone industrielle.
Autre dark kitchen a Londres, ou les voisins se plaignent
http://islingtontribune.com/article/neighbours-rage-over-deliveroos-dark-kitchen
Un chiffre intéressant pour un exemple de dark kitchen:
200 passages de livreurs par heure
http://camdennewjournal.com/article/nine-more-months-for-deliveroos-dark-kitchens-in-swiss-cottage
Frichti est un service de livraison de courses, à Boulogne Billancourt, avec des nuisances similaires en terme du nombre de livreurs. Cela peut être intéressant de se rapprocher d'eux pour connaitre les demarches qu'ils ont pu faire.
https://twitter.com/Frichticasuffit/media
à Madrid et à Barcelone, menaces sur les écoles
à Saint-Ouen en Seine
Saint-Denis